Après les interviews de Beccy Rimmer et de Samten Norbu, voici aujourd’hui celle de Nicolas Brulez, aka The Tattoorialist.
J’ai rencontré Nicolas il y a maintenant 4 ans, j’étais enceinte de mon fils et j’avais eu envie de participer à ce projet qu’il venait de lancer. J’aimais le côté street style, des gens de la rue, comme tout le monde, photographiés parce qu’ils portent des tatouages, tout simplement. Cela a donc donné cette séance photo et un échange très sympa. J’ai bien entendu suivi la suite de ses aventures, de la soirée au Bus Paladium à la sortie du bouquin des 100 portraits, dont on faisait partie mon amoureux et moi, et puis le reste des shootings et publications.
Son succès est fulgurant, le concept s’internationalise. J’avais envie de voir avec lui comment il avait vécu cette expérience, que je n’avais moi même pas mesurée au départ, si ce n’est une idée vraiment cool et l’occasion d’avoir de jolies photos souvenirs.
Mais cet impatient a su se dépasser et repousser les limites de sa créativité et de ses rêves, l’amenant toujours plus loin.
Bonjour Nicolas, peux-tu te présenter ?
Nicolas, photographe portraitiste. Auteur des livres « 100 portraits de tatoués » « Street Tattoo » et « Motorcycles« .
L’aventure The Tattoorialist a été assez vite pour toi avec plusieurs livres, soirées etc, comment as-tu vécu cette expérience ?
J’ai encore du mal à réaliser tout ça. Je suis à la croisée des chemins. J’ai créé The Tattoorialist en 2012, nous fêtons les 5 ans du projet, avec plusieurs milliers de portraits réalisés, aux 4 coins du monde. Tout me semble irréel en fait.
2 ans après la création du projet, nous sortions notre premier livre (sold out depuis), un an après il était traduit en anglais et vendu dans le monde entier, un an après traduit en coréen. Je reviens juste de Séoul où se tenait ma première exposition (au D Museum). Je suis quelqu’un de très impatient, il faut que tout aille vite, je n’aime pas attendre (un énorme défaut sur lequel je travaille).
Nous avons créé la Chambre du Tattoorialist à la Maison Sage pour permettre aux tatoueurs de s’exprimer artistiquement. A ce jour, je ne sais pas que sera l’avenir du projet, tout est possible …
Pourquoi photographier des personnes tatouées ?
J’ai toujours été attiré par les personnes qui décident de se mettre en marge de la norme. Le tatouage en fait partie, quoiqu’on en dise. Un reportage sur M6 ou TMC ne changera pas la manière dont le tatouage est perçu dans le monde professionnel.
J’aime le courage des personnes tatouées. il en faut pour supporter la douleur, le regard de l’autre, son jugement. Chaque personne tatouée devient singulière.
Le tatouage est aussi une excuse pour aller à la rencontre de nouvelles personnes. Je suis curieux et j’aime qu’on me raconte de nouvelles histoires.
As-tu fait de cette passion ton métier désormais ?
Toujours pas. Je crois que le fait de rester infirmier me permet de ne pas perdre pied et devenir un connard condescendant !
Aujourd’hui, vivre de la photographie est difficile voire une chose rare. Faire des livres rend l’expérience incroyable humainement, pas financièrement !
J’aime l’idée de pouvoir rester libre de ma direction artistique, de ma vitesse de travail, de mon sujet. Je n’ai pas besoin de produire pour vivre. Le plus compliqué réside dans la gestion du planning des shootings, il faut jongler tout le temps pour que la machine ne se bloque pas.
Quelle est ta propre relation au tatouage ?
C’est pour moi un jeu, rien de plus. Je n’y vois pas de fonction psychologique, réparatoire. Il ne me rend pas meilleur ni pire. Il est tout simplement. Je vois la vie comme un jeu, avec un game over qui arrive à un moment inconnu, alors autant en profiter pour s’amuser avec la seule chose qui nous appartienne vraiment : notre corps.
D’autres projets sur le sujet à venir ?
Passer plus de temps à faire du street art, j’aime coller les portraits des gens en géant sur les murs, voir leurs tatouages et la réaction des passants. Je prépare aussi une version peinture de certaines photos.
J’ai passé un peu de temps à Tokyo, j’aimerais pouvoir faire une exposition là-bas.
J’ai aussi trois projets de livres, dont une rétrospective des 5 ans du projet, prévue pour 2017 !
J’ai des milliers d’idées, il me suffit d’un peu de temps et d’énergie pour les mettre en place.
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Une réflexion sur “Rencontre avec Nicolas Brulez (The Tattoorialist)”