On voit passer depuis quelques temps déjà des articles sur cette idée que la création sérielle serait dans un nouvel âge d’or. J’ai personnellement cette impression et, en ce mois de rentrée des séries, j’ai eu envie de regarder ça d’un peu plus près.
Quelques indices qui confirment cette idée :
- des séries en quantité : plus de 450 séries réalisées en 2015 contre 211 en 2009.
- des séries de qualité : beaucoup sont bonnes, un certain nombre sont mêmes excellentes comme American Crime, The Leftovers, Mr Robot, Rectify ou le petit dernier Stranger Things.
- des grands noms : des acteurs du grand écran rejoignent le petit – Matthew McConaughey dans True Detective, Claire Danes dans Homeland, Christian Slater dans Mr Robot ou encore Kevin Spacey dans House of Cards – et des réalisateurs de renom s’y mettent aussi comme Martin Scorsese avec Boardwalk Empire et Vinyl.
- tout le monde s’y met : après les chaînes TV, les médias Internet comme Yahoo (qui a repris Community pour une 6e et dernière saison), Netflix ou Hulu se mettent à la diffusion mais surtout à la création de séries originales.
- des budgets colossaux qui feraient pâlir d’envie certains films. Rome a coûté $ 9M par épisode et Game of Thrones $ 6M ! Multiplié par le nombre d’épisodes, on arrive rapidement à plus de $ 360 M pour GoT, plus que le budget des films Pirates des Caraïbes : At World’s End ou Avengers : Age of Ultron (respectivement à $ 300 M et $ 280 M).
- des conventions qui prennent une ampleur incroyable comme le Comic-Con de San Diego qui enregistre autour de 130 000 visiteurs chaque année.
La série TV semble donc bien connaître un âge d’or. Mais pour combien de temps encore ? Peut-on tenir ce rythme effréné ? Ne risque-t-on pas d’user la capacité créative des auteurs, scénaristes, etc. ?
Les optimistes sont ravis de la multitude et de la variété du choix et pensent que le marché va se réguler de lui-même avec une probable baisse vers les 400 séries annuelles dans les années à venir. C’est ce qui est arrivé à l’industrie du cinéma qui est passé de plus de 200 films en 2006 à environ 130 en 2014 (aux USA).
Les pessimistes pensent que la qualité baissera au profit de la quantité et que l’industrie ne pourra pas tenir le rythme de création très longtemps, présageant un éclatement de la bulle série.
On remarque quelques effets. La tendance est à des saisons réduites à 10 ou 12 épisodes au lieu des 22 ou 23 habituels. Personnellement, je préfère : je trouve les saisons plus centrées sur l’intrigue principale et le rythme un peu plus soutenu. Et les créateurs ont un peu trop tendance à piocher dans le passé et à s’appuyer sur les anciens succès : Better Call Saul surfe sur le succès de Breaking Bad, Twin Peaks ressuscite et The X-Files s’offre une 10e saison. Les personnages mythiques comme Sherlock Holmes, Dracula, Hannibal ou les super héros de comics sont réutilisés et révisités.

En attendant, septembre est là et c’est la rentrée des séries. J’ai déjà des sueurs froides face à cette multitude de séries à regarder. Selon les statistiques de l’application TVShow Time*, je finirai ma watchlist en avril 2025 ! Et vous ?
Age d’or, bulle qui va éclater ou jeu de l’offre et de la demande ? Frustration face à cette multitude de séries ou plaisir d’en trouver toujours une qui plaise ? Moi, je savoure. Qu’en pensez-vous ?
Pour aller plus loin, voici quelques articles intéressants :
- Vers un quatrième âge d’or ? – par Pierre Sérisier, Le monde des séries
- L’explosion de la bulle Séries TV a été repoussée à 2019 – par Fabien, Critictoo
- Le paradoxe de la surabondance – par Stéphane Baillargeon, Le Devoir
- The ‘Golden Age of TV’ Has A Lot of People Worried — Here’s Why – par Jon Erlichman, Fortune
- The golden age of TV: How we got here and why there’s no bubble to burst – par Eric Buchman, Digital Trends
*Si vous ne connaissez pas TVShow Time, je vous recommande vivement cette application qui permet de suivre ce qu’on regarde, ce qu’on a regardé, ce qu’on aimerait regarder… et bien plus encore. Cette appli a changé ma vie 😛 (Android, Apple ou site internet)