
Officiellement, le métier de tatoueur n’existe pas. Je vous assure ! Cela vous paraît dingue ? Moi aussi, alors j’ai voulu en savoir plus sur le statut de tatoueur et partager cela avec vous. Le tatouage est une pratique ancestrale, certes, mais la démocratisation avancée de cet art a généré bien des vocations ces dernières années. Malgré cet engouement, tatoueur/tatoueuse reste un métier non reconnu, sans véritable statut. Ce n’est officiellement ni un artiste ni un artisan.
A quoi cela sert d’avoir un statut ? C’est utile pour avoir une reconnaissance de son métier et de ses compétences, avoir la possibilité de former officiellement des apprentis, pouvoir reconnaître le travail du conjoint ou encore pour bénéficier d’une assurance professionnelle.
Quels sont les différents statuts ?
Que l’on soit salarié, indépendant, en shop public ou en shop privé, ou encore «on the road», il existe plusieurs statuts possibles.
- Auto-entrepreneur
- Entreprise individuelle
- Société commerciale
- Société civile
L’activité de tatouage dépend de l’article R1311-1 du code de la santé publique.
Le statut d’auto-entrepreneur
Si l’artiste choisi le statut d’auto-entrepreneur pour son métier de tatoueur, ce qui est souvent le cas, il sera enregistré au code NAF (Nomenclature d’Activités Françaises) sous l’intitulé « activités des studios de tatouage et de perçage corporel ». Il ou elle devra bien entendu suivre ou avoir suivi une formation à l’hygiène pour obtenir ce statut, c’est une obligation et fort heureusement.
Les avantages de ce statut sont multiples : la facilité d’inscription, c’est ouvert à tous et même à ceux qui ont également une activité salariée ou un statut d’étudiant, il y a peu de démarches administratives, cela ne nécessite pas d’apport de capital, les charges sociales sont proportionnelles à ce qu’on l’on a gagné, etc…
Il existe cependant quelques inconvénients comme le chiffre d’affaires limité à un plafond et la couverture sociale moins avantageuse que pour des salariés.
Qu’en pensent les tatoueurs ?
Voici le témoignage de différents artistes :
» Je suis sous le statut d’auto-entrepreneur depuis le début. Pour ma part, il me convient car j’ai pas l’impression qu’il y ai beaucoup d’autres options pour nous les tatoueurs, la gestion en auto-entreprise reste assez simple et pas prise de tête. Chaque mois, tu déclares ton chiffre d’affaires et tu es taxé sur ce que tu as fait comme chiffre. L’inconvénient, c’est la couverture sociale avec le RSI, si demain tu te pètes le bras, ça peut devenir compliqué. Idem si pour X ou Y raison tu souhaites te reconvertir, changer de métier, t’as le droit à aucune aide. » M.
» Nous sommes passés en boutique privée depuis 1 an, nous ne recevons plus que sur rdv. Je suis en auto-entrepreneur, je trouve cela assez simplifié, c’est ce qui me convient. Cela dit, qu’il n’y ait pas de malentendu tout de même : je suis pour le statut d’artiste pour les tatoueurs ! » A.
» Dès le départ, j’ai été mon propre patron. Dans le tatouage, on n’a pas beaucoup de choix. Soit tu es auto-entrepreneur (mon cas), soit tu crées ton salon avec le statut social de ton choix en fonction de comment tu souhaites faire évoluer ton activité et ton shop. Soit tu es salarié. Mais cette dernière option est assez rare.
Je suis plus ou moins satisfait, car mon statut me permet de bosser comme je le souhaite. Je gère mon emploi du temps à ma guise en fonction de l’affluence des rendez-vous. Seulement le jour où je ne bosse pas, je ne gagne rien car le statut d’auto-entrepreneur reste de base « un complément d’activité » où tu ne cotises pas pour tes jours off. Si tu tombes malade c’est pareil, pas d’arrêt maladie. On paie nos impôts à la source mais les cotisations sont un peu trop exorbitantes. Le statut est simplifié fiscalement donc il n’y a pas de contraintes bancaires avec un deuxième compte professionnel et par la même occasion pas besoin de comptable non plus. Donc je trouve qu’il y a du bon et moins bon. » L.
Et la suite ?
Une chose est sûre, les tatoueurs souhaitent que leur métier soit reconnu, et on les comprend. Cependant, il y a plusieurs écoles.
Certains souhaiteraient qu’une formation diplômante soit créée pour tatouer légalement. Un diplôme reconnu par l’Etat pourrait permettre à des tatoueurs qualifiés d’exercer et éviter ainsi que des tatoueurs de piètre qualité exercent. Najat Vallaud-Belkacem avait d’ailleurs évoqué en 2016 l’idée d’un CAP tatouage. L’association Tatouage & Partage milite pour un statut d’artisanat d’art. Cela sous-entend que les tatoueurs ne sont pas forcément des artistes et que la plupart ne créent pas mais reproduisent sur la peau de leurs clients les motifs simples souhaités. Le tatouage est alors considéré comme une simple prestation de service. Cela permettrait d’avoir accès aux fonds destinés à la formation continue, notamment pour les contrats d’apprentissage.
D’autres sont opposés à tout diplôme car cela voudrait dire que les tatoueurs sont des techniciens capables de reproduire à l’infini des motifs. Le SNAT milite pour la reconnaissance du tatouage comme un art et donc des tatoueurs comme des artistes. Le syndicat a notamment lancé une pétition « Pour un statut d’artiste tatoueur / contre un CAP ! » à destination du Ministère de la Culture et du Ministère du Travail. La pétition explique que le tatouage créatif est une œuvre d’art et devrait être reconnu comme tel.
Affaire à suivre !
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