Maman tatouée #3 : Alexandra

Aujourd’hui, je vous présente Alexandra ! Elle est notamment l’auteur du livre Love, tattoos and family et à l’initiative du magazine en ligne Jeter l’encre et du fanzine Free Hands.

Prénom : Alexandra
Age : 37 ans, allez, j’assume (on m’en donne 25, la moitié du temps…)
Ville : Ma ville de cœur restera Paris (15 ans de vie commune), je suis nouvellement Bordelaise.
Nombre de tatouages : Ouh, ça devient compliqué à compter, je dirais plutôt en termes de recouvrement, j’ai une bonne partie des bras, le bas du dos, le bas des jambes et un pied.
Nombre d’enfants et âges : 1 petite fille de 9 ans et demi, Emy

Décris-toi en quelques mots

Je crois être sincère avec moi-même, mes amis, et ma famille. C’est difficile de se décrire. Je suis passionnée, j’ai besoin que ma vie soit agitée, de me sentir aimée et vivante ! J’ai des défauts c’est sûr, je n’aime pas avoir tort par exemple, et j’ai souvent peur qu’on ne m’aime pas ou qu’on me juge faussement. Par contre, je ne suis pas rancunière et je ne suis pas jalouse. Je pense que les gens jaloux sont malheureux et insatisfaits.

T’es-tu fait tatouer avant ou après avoir eu ton enfant ?

J’ai commencé assez jeune, j’avais 17 ans. Je m’intéressais beaucoup à la culture punk, avec un certain romantisme. D’ailleurs, je n’aurais jamais dû être maman ! J’avais décidé que les gamins, c’était pas pour moi. J’ai très vite voulu devenir tatoueuse, par le biais de potes, j’avais rencontré Hassan Goucem, le frère du fameux Amar d’Amsterdam. Je l’ai accompagné sur une séance, je me voyais déjà exercer, mais c’était un bourlingueur ! Il est reparti en Inde très vite. Et j’ai laissé le temps filer. Il n’y avait pas de bon tatoueur dans ma ville. J’étais jeune et pas très argentée. Donc, je rêvais en lisant les magazines de l’époque : Tattoo savage, j’en ai des frissons, brr. Lorsque je suis arrivée sur Paris, j’avais 19 ans et j’ai commencé à fréquenter un shop : Buzz Tattoo. J’ai vraiment recommencé à me faire tatouer car j’avais enfin des sous ! Et après j’ai pas mal fréquenté 23 Keller quand il n’y avait que du piercing. Puis, j’ai eu un vrai coup de cœur pour Rude. Il m’a piqué les roses sur les bras, deux mois après la naissance d’Emy, j’avais 27 ans. Sa naissance était un choix mûrement réfléchi.

Comment expliques-tu tes tatouages à ton enfant ?

C’est difficile d’avoir du recul car c’est vraiment ce que j’aime et tout respire le tatouage à la maison. Les livres de tattoo, les machines qui ornent les étagères, les cartes postales et affiches aux murs… Sans compter qu’avec la photo, Jeter l’encre et Free Hands, les expos et les conventions de tatouages, ça fait partie intégrante de ma vie et donc de la maison. Elle me le reprochera peut-être plus tard ? Je ne sais pas ! Mais j’ai une vraie curiosité pour le tatouage et j’essaie de cultiver cette curiosité avec elle. Non pas que je tienne à ce qu’elle s’intéresse au tatouage, mais j’aime les gens curieux, ils détiennent la vraie intelligence, celle de la vie… à l’opposé des blasé(e)s qui croient tout savoir… Par contre, elle a bien assimilé que chaque motif est un moment précis de ma vie et que je ne regrette rien, pas même ceux que les autres ne trouvent pas beaux. En plus elle m’a tatouée grâce à Sky de l’Art du point, un vrai moment d’émotion et je crois qu’à 6 ans, elle a compris en « un instant » l’esprit de cet art et surtout, à quel point l’encre était définitive, indélébile. J’ai senti qu’elle s’appliquait. C’était très fort autant pour elle que pour moi…et je n’oublierai jamais chaque détail de ce souvenir.

Quelle est sa réaction ? Quelles sont ses questions ?

Elle se pose surtout des questions du genre, est-ce qu’elle se fera tatouer ? Ou non ? Alors je lui réponds qu’elle fera ce qu’elle voudra et qu’elle n’est pas obligée de le faire pour nous ressembler. Je n’ai pas tenu à jouer le mimétisme. Je ne suis pas super friande des bodys de bébé avec le fameux « ma mère tatouée est plus cool que la tienne ». Je trouve que la plus belle mission des parents est d’élever un enfant en lui offrant la liberté d’être ce qu’il souhaite. Nous sommes végétariens depuis 20 ans et Emy mange de la viande. Je ne supporte pas qu’on impose sa façon de penser à ses enfants, comme si c’était la seule et la meilleure façon de vivre. Que ce soit un mode de vie alimentaire, une religion, etc.

Quel regard porte l’environnement scolaire ?  Quelle a été la réaction à la crèche ou à l’école ?

A l’époque de la halte-garderie, ce n’était pas toujours évident en tant que jeunes parents. Mais les gens sont hypocrites, ils ne te disent pas ce qu’ils pensent réellement. C’était plus une attention particulière sur la façon dont on s’occupait d’Emy. Elle a une peau de rousse comme son père et elle avait de l’eczéma, on avait pris rendez-vous avec une super dermato, mais il y avait 3 semaines d’attente. La nounou nous a tanné tous les jours comme si on négligeait ce souci… Bon, après quand tu vois comment elle parlait des autres parents, tu avais tout compris… Mais à l’heure actuelle, ça me semble moins problématique. Tu vois des tatoués partout, c’est plus la surface tatouée qui compte… Qui fait de toi un « freak »… mais ça n’impressionne plus vraiment les gens. Ils ont l’habitude avec les footballeurs et la tv réalité (c’est plus ennuyeux). Les copines de ma fille adorent les tatouages ! Elles me touchent les bras, genre je suis trop cool ! Après, à Bordeaux, les gens ont cette drôle d’habitude de « mater » pendant de longues minutes… C’est très bizarre. A Paris, les gens détournent les yeux donc ils ne te regardent pas franchement, parce qu’ils t’ignorent, soit par dédain ou par pure indifférence. Dans le métro, une femme nous a insulté, en disant à quel point elle trouvait ça moche. Là c’est nous qui avons feint l’indifférence. Que veux-tu répondre face à l’intolérance ?

As-tu eu également des remarques des autres parents à la sortie de l’école ou au parc ?

Justement, avec la démocratisation du tatouage, soit ils trouvent ça joli, soit ils trouvent la démarche carrément débile. Une fois, à un pique-nique, j’étais en robe et c’était l’été, un père m’a dit à quel point il se sentait agressé par mes tatouages et que pour lui, il n’y avait que les fachos qui étaient tatoués… ça m’a beaucoup heurté, cette assimilation à un état d’esprit qui n’est pas le mien, plus que le fait qu’il trouve ça moche. Après je ne tiens pas à être étiquetée d’un parti politique parce qu’en vieillissant… Aucun d’entre eux ne me donnent foi en l’avenir. Ce fût un moment assez violent… Il est venu s’excuser quelques jours après, car il était hyper mal à l’aise avec ses propos… Pour autant, le malaise reste.

Comment réagiras-tu si ton enfant souhaite un jour se faire tatouer ?

On en discutera. On l’aidera à réfléchir au choix de ses motifs et surtout à celui de l’artiste ! Après, on ne lui interdira pas de faire tel ou tel motif, mais il faudra que l’on sente qu’il y a une vraie motivation derrière. On ne lui imposera rien, mais on la conseillera.

Le mot de la fin, un message ou une anecdote à partager?

Parfois le jugement le plus dur ne vient pas de l’environnement extérieur mais de la famille. J’ai beaucoup de chance, car mes parents n’ont jamais jugé mes choix. Par contre, ma belle-famille a fait des remarques qui m’ont paru très étranges. Comment Emy allait assumer le regard des autres… Je crois que les parents qui dépassent l’apparence et assument parfaitement qui ils sont, transmettent une image positive à leur enfant. Emy ne nous a jamais dit qu’elle se sentait gênée, sincèrement.

Merci pour l’interview et longue vie au blog !

PS : Si vous souhaitez à votre tour témoigner ou si vous avez une personne intéressée dans votre entourage, surtout n’hésitez pas, écrivez-moi ici.

 

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4 réflexions sur “Maman tatouée #3 : Alexandra

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